Titre

Entre savants, vulgarisateurs, curieux et amateurs : formalisation et spécialisation des discours en entomologie au XVIIIe siècle [titre provisoire]

Auteur Maxime BUONOCORE
Directeur /trice Nathalie Vuillemin
Co-directeur(s) /trice(s) Jean-Luc Chappey
Résumé de la thèse

Si, dans la première moitié du XVIIIe siècle, les travaux entomologiques tendent à susciter l’intérêt d’un public mondain, les progrès en matière de techniques, d’instruments, de méthodes et de connaissances mettent progressivement à mal ce modèle et écartent les curieux et les amateurs au profit de savants de plus en plus « professionnels ». La thèse vise à interroger ce phénomène de spécialisation (au sens d’une « professionnalisation » des savoirs, c’est-à-dire d’une complexification des pratiques, du développement de terminologies qui leur sont propres, de refontes institutionnelles et de développement d’instruments de mesure standardisés) des discours et des pratiques en entomologie, en se focalisant sur les travaux de René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) et de ses correspondants. La thèse entend montrer que - contrairement aux idées reçues, qui considèrent que le moment de basculement de l’histoire naturelle vers une science spécialisée et "disciplinarisée" se situe dans le premier tiers du XIXe siècle - ces savoirs sont déjà dans l’état de ne plus être accessibles – même aux lecteurs éclairés – qu’au prix d’un double mouvement : soit un changement discursif opéré par certains savants, à l'instar de Réaumur, pour populariser et mettre leurs textes à portée de non-spécialistes ; soit une spécialisation progressive d'un public suffisamment intéressé et, littéralement, outillé, pour suivre les productions savantes, participer à la collecte de spécimens, aux expérimentations et, in fine, aux découvertes entomologiques

 

En interrogeant ce processus et les enjeux sociaux, intellectuels et épistémiques qui y sont liés, la recherche montrera la coexistence de deux types de discours : celui des spécialistes (de plus en plus formel et dénotatif) et celui, plus généraliste, des « vulgarisateurs », davantage lié à des visions apologétiques, esthétiques ou même littéraires. La thèse suggèrera également l’émergence d’un public suffisamment initié (et, littéralement, outillé) pour suivre et accéder aux éléments traités par les productions savantes. En termes de méthode, la recherche mobilisera les outils de l’analyse de discours, afin d’opérer une micro-lecture de ces textes et mettre en évidence les modalités d’écriture et de formalisation propres à Réaumur et ses correspondants, ainsi que les stratégies de construction de leur(s) public(s). Cette approche « littéraire » sera croisée avec celle, plus épistémique, de l’histoire sociale des sciences, pour mettre en perspective les éléments relevés par la lecture rapprochée des textes avec le contexte sociopolitique et institutionnel dans lequel ces savants évoluent, dans le cadre de la constitution des savoirs naturalistes et des enjeux communicationnels de l’entomologie au XVIIIe siècle.

Statut au début
Délai administratif de soutenance de thèse 2028
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